Un cas clinique qui interroge les possibilités d'améliorer la prise en charge.
Même si la cause du décès de cette patiente peut être imputée à l’embolie amniotique, l’équipe obstétricale a souhaité comprendre les modalités de sa survenue par une analyse approfondie et permettre ainsi d’évaluer la prise en charge.
Facteurs ayant contribué à l’issue fatale
- difficulté des équipes à établir un diagnostic, le tableau clinique de l’embolie amniotique étant atypique, et les prodromes nombreux mais non spécifiques (agitation, malaise, troubles de la conscience, bradycardie fœtale)
- inévitabilité de survenue de la complication
- dégradation rapide de l’état de la patiente évoluant vers une défaillance multiviscérale irréversible entraînant son décès
Points forts
- l’embolie amniotique a quand même été suspectée assez tôt
- la réaction de l’ensemble des acteurs présents a été appropriée
- une réanimation agressive nécessaire dans ce type de situation a été effectuée
- la patiente a été transférée dans un service adapté
Commentaires
L’ensemble de tous les signes cliniques est évocateur d’un processus d’embolie amniotique.
De plus la recherche de cellules amniotiques dans le sang maternel s’avère positive ainsi que la recherche d’IGFBP-1 dans le plasma maternel.
A l’examen anatomopathologique de l’utérus, la présence d’emboles amniotiques capillaires et veineux dans la zone isthmique est mise en évidence.
Tous ces éléments sont en faveur d’une embolie amniotique, seule l’autopsie aurait pu confirmer ce diagnostic, réconforter l’équipe médicale devant l’échec de toutes ses tentatives, mais le refus par la famille ne permettra pas d’affirmer de façon certaine la cause du décès.
L’embolie amniotique représente une des complications les plus redoutables en obstétrique par son imprévisibilité, sa brutalité et sa fatalité puisqu’elle représente la deuxième cause de mort maternelle en France.
Le diagnostic d’embolie amniotique reste un diagnostic d’exclusion et doit être évoqué devant toute manifestation neurologique, cardiovasculaire et hémorragique survenant dans le péripartum, mais il demeure difficile du fait de sa rareté.
Le pronostic peut être amélioré par une prise en charge diagnostique et thérapeutique rapide, une suspicion précoce du diagnostic, un traitement agressif de la coagulation intravasculaire disséminée, l’élimination rapide des autres causes d’hémorragie de la délivrance, et une réanimation efficace avec un transfert dans un service adapté.
Le perfectionnement des techniques de réanimation mises en œuvre a certainement contribué à l'amélioration ces dernières années du pronostic maternel, même s’il demeure avec le pronostic fœtal toujours sévère.
Le décès de cette patiente ne peut être imputé à des soins inappropriés, mais l’étude de ce cas met en évidence la nécessité d’entraîner les équipes aux situations d’urgence avec simulation afin d’optimiser les mesures de prise en charge.